J’ai reçu une lettre

La semaine dernière j’ai reçu une lettre. LA lettre. Après 9 ans et 8 mois de bons et loyaux services, j’ai reçu ma lettre de licenciement.

Même si je te raconte beaucoup de choses sur ce blog, tu sais qu’il y a certaines choses que j’aime bien garder pour moi. Cet article ne fera pas exception. Mais j’avais envie de partager avec toi mon ressenti du moment. Celui qui explique aussi un peu pourquoi je ne suis pas beaucoup présente par ici ni sur les réseaux sociaux ces derniers temps.

Pour résumer les choses, l’entreprise pour laquelle je travaille a décidé de fermer le site qui m’emploie. Licenciement collectif. Nous sommes des dizaines d’employés dans la même situtation.

Je n’en veux pas à mon employeur. Je n’ai pas de rancoeur. C’est le business, c’est comme ça. Je comprends le raisonnement stratégique et économique derrière cette décision. Et puis, après avoir « vu » passer plusieurs restructurations durant mes presque 10 ans au service de cette société, cette nouvelle n’était pas une surprise.

Mais, même lorsqu’on s’y attend, c’est toujours un choc d’apprendre que cette fois-ci nous sommes concernés. Que cette fois c’est notre tour. Et encore plus un choc de savoir que c’est tout le site qui est concerné. Des hommes, des femmes, parents, jeunes, âgés, des couples. Tous ces individus qui, comme moi, vont devoir relancer la machine et partir à la conquête de nouvelles aventures.

Même si j’ai confiance en mes compétences, et que je sais que je retrouverai du travail, il y a toujours cette petite appréhension qui est là, et qui me fait un peu flipper. Je ne sais pas si c’est le fait d’être parent, et d’avoir 2 petites vies qui dépendent de moi et de L’Homme. Ou si c’est la peur de l’inconnu – on sait ce que l’on quitte, mais on ne sait pas ce que l’on va trouver…

Et puis, j’essaye de voir le bon côté des choses. Je me dis que c’est la meilleure « moins pire » façon de perdre son job. Ce n’est pas de ma faute. Cela n’a rien à voir avec ma performance personnelle.

Mais c’est la fin d’une belle aventure. Cette entreprise m’a fait confiance, m’a vue et m’a fait grandir, m’a appris tellement tellement de choses. J’y ai vécu de superbes moments, mais aussi des moments plus difficiles. J’y ai rencontré des dizaines de personnes extrêmement talentueuses. J’y ai aussi croisé de sacrés énergumènes hein, faut pas croire… Et toutes ces expériences ont été enrichissantes.

Et puis, sans le vouloir, c’est également cette entreprise qui m’a fait réaliser que tout cela n’était qu’un job. Que le plus important était ailleurs. Avec une gestion à l’américaine, où les employés passent énormément de temps au travail, ne comptent pas leurs heures supplémentaires, sont connectés les dimanches et les jours fériés pour satisfaire les clients, … Cette entreprise, cette expérience, m’ont fait réaliser que nous n’étions pas des chirurgiens du coeur, que l’on ne sauvait pas des vies. Ironiquement, c’est en me faisant travailler beaucoup, que mon employeur m’a donné envie de travailler moins, et de consacrer plus de temps à l’essentiel: ma famille. Et quand je vois que, d’un claquement de doigts, des dirigeants n’hésitent pas à fermer un site de cet envergure, je me félicite d’avoir donné la priorité à ma famille ces 4 dernières années. Oui, travailler c’est bien. Avoir un emploi que l’on aime et qui nous stimule, c’est encore mieux. Mais « donner sa vie » à une entreprise, rater des moments importants avec mes enfants pour qu’un client ait une bonne expérience d’achat, ou pour qu’un employeur amasse un peu plus d’argent, alors NON.

J’estime être une bonne employée. J’ai une conscience professionnelle, et je mets un point d’honneur à toujours faire mon travail le mieux possible. Mais j’aspire à être plus que cela. Ce que je souhaite, c’est être un bon parent. Un parent qui trouve le bon équilibre entre un emploi qui me stimule, dans lequel je m’épanouis, et surtout qui me laisse du temps pour accompagner mes enfants dans la vie. Et qui me laisse aussi du temps pour moi, pour simplement profiter de la vie.

C’est la vie. Une aventure se termine, et une nouvelle commence.

A bientôt
Emilie

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