Paroles de papa: « On ne fait pas faux, on fait juste différemment »

Aux mamans qui me lisent: que celle qui n’a jamais pensé que son conjoint faisait tout de travers avec les enfants me jette la première pierre! Mais si tu sais, quand il lui fait manger sa purée, et que votre enfant en a partout. Vraiment PAR-TOUT. Sur les vêtements, dans les cheveux, dans les oreilles et même dans les narines. Ou quand tu  lui as dit d’habiller le môme avec le pull et le pantalon assortis que tu avais pris bien soin de préparer à l’avance….et que tu retrouves ton enfant habillé comme l’as de pique: pull rayé multicolore, pantalon de pyjama (!) et chaussettes hautes par dessus le pantalon! (à croire qu’il aurait oublié de nous révéler son daltonisme!).
Tu te rends alors compte que les papas et les mamans ne font et ne pensent pas pareil.

Nous les mamans, on pense souvent que parce que nous l’avons eu dans notre ventre pendant des mois, parce que nous l’avons allaité, parce que nous avons passé les premières semaines avec lui à la maison; eh bien on pense qu’on le connaît mieux cet enfant, et surtout qu’on connaît mieux ses besoins. Bon, on ne l’avoue pas franchement. C’est même parfois un sentiment inconscient. Mais au fond de nous, on croit savoir « mieux » que les autres ce qui est bon pour notre enfant.

On pense savoir mieux que les grands-parents, les amis, la famille, qui te rabâchent le fameux « mais nous on ne faisait pas comme ça » ou « tu devrais plutôt faire ceci et pas cela ». Alors oui on passe généralement par une grosse phase de doute, de manque de confiance en soi, pendant laquelle on se demande si ils n’ont pas raison, si on ne fait pas tout de travers. Et puis on prend de l’assurance, on se rend compte que nos méthodes portent leurs fruits, que notre enfant paraît heureux. Alors on continue, on fait comme on peut, et ce qu’on pense être le mieux pour notre bébé.

Et puis cette confiance nouvellement acquise, nous fait avancer. On s’affirme. Là où avant on se posait mille questions avant d’acheter tel ou tel objet pour notre enfant, maintenant on « sait » ce qu’il lui faut. On hésite moins, on prend les devants. Et puis on acquiert des automatismes. Les petites choses de la vie de tous les jours qui nous filaient un gros coup de stress, on apprend à les maîtriser, et les faire plus machinalement. Donner le bain au petit sans transpirer les gouttes de la mort, partir faire des courses sans paniquer à l’idée qu’il puisse avoir faim (comprenez « hurler comme si on ne l’avait pas nourri depuis 3 jours ») entre les rayons fromages et charcuterie.

On prend des habitudes et on s’installe dans une petite routine qui fonctionne. On a nos petites préférences, nos petits rituels. On fait les choses dans un ordre précis. Tout cela souvent de manière inconsciente et machinale. Lorsque je donne le bain à Numéro 1 par exemple, j’aime bien d’abord aller préparer des vêtements propres dans sa chambre, m’assurer d’avoir tout à portée de main sur la table à langer. Puis dans la salle de bain, je prépare sa serviette, puis fais couler le bain. Ensuite seulement, on passe au déshabillage et plouf dans l’eau! A la sortie du bain, quand on arrive dans la chambre, tout est  prêt. Je ne perds pas de temps, et ainsi bébé ne prend pas froid.
Ces petits rituels je les applique pour beaucoup de mes activités quotidiennes. C’est ma façon de faire les choses.

Et puis on pense savoir mieux que les papas. Oui tu sais, papa qui ne suit pas ton petit rituel. Papa qui s’en tape royalement de tes habitudes… En même temps il n’a pas tort; ce sont « tes » habitudes pas les siennes.
Quand tu pars tu lui donnes des « directives » comme si c’était ton employé de maison. Tu lui dictes comment il doit habiller le petit pour sortir, tu lui expliques ce qu’il doit donner pour le goûter, et puis tu luis rappelles le petit rituel que tu appliques au moment de la sieste.
Et puis quand tu rentres, tu remarques que les chaussures de pluie sont restées dedans au sec, mais que les baskets ont joyeusement sauté dans des flaques d’eau. La banane est toujours dans la corbeille à fruits, mais une crème au chocolat s’est volatilisée. Et puis le berceau de bébé est vide, mais tes deux amours ronflent en choeur dans le lit matrimonial.

Lorsque tu es présente, tu « surveilles » ce que papa fait. Tu le reprends. Tu le corriges. Tu le forces à appliquer tes méthodes durement acquises. Car certaines choses te titillent. Certaines choses t’énervent. Ben oui, tu t’efforces de faire manger sainement bébé, et papa se pointe avec un Danette. Alors parfois tu bous intérieurement. Parfois cela explose.

Et puis un jour, L’Homme m’a dit cette phrase: « Tu sais, nous les papas, on ne fait pas tout faux. On fait juste différemment ». Et bim! Cela m’a mis une petite claque, mais cela m’a surtout fait réfléchir. En effet, est-ce qu’en n’appliquant pas mes méthodes, il faisait des erreurs? Est-ce qu’il s’y prenait mal? Est-ce qu’il mettait notre enfant en danger?
A part avoir l’air con avec ses fringues dépareillées (ce qui n’a jamais tué personne), et s’éclater en se mettant du Danette derrière les oreilles, en effet, Numéro 1 se portait à merveille et je ne pouvais rien reprocher à son papa. L’Homme ne fait peut-être pas comme moi ou comme cela est recommandé dans les livres (ben oui, moi je me suis tapé tous les manuels de puériculture…pas lui!), mais il ne fait certainement rien de faux. Il fait les choses à sa façon.
Et là je me suis rendu compte que je reportais sur lui les même remarques qui m’exaspéraient venant des autres. Tu sais quand ta mère te dit « on ne faisait pas comme cela à mon époque… »

Alors j’ai appris à vivre avec sa manière de faire, comme il a appris à s’accommoder de mes méthodes. Alors quand c’est lui qui donne le bain, c’est freestyle. Quand il donne le goûter, il lui fait découvrir des saveurs que je ne lui ai jamais proposées. Quand il l’habille, il trouve des trésors dans la penderie qui auraient été trop petits avant que je ne me décide à les mettre à Numéro 1. Quand il partent en ballade, ils font des activités dont eux seuls ont le secret.
Résultat? Cela fonctionne. Très bien même. Quand je ne suis pas là, ils se débrouillent très bien sans moi. Ils s’éclatent ensemble. Et lorsque parfois j’ai des petites rechutes, des petites directives qui fusent, je repense à cette phrase.

Je me dis que lorsque Numéro 1 est avec son papa, il est entre de bonnes mains. Tout ira bien. Ce sera juste différent.

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